La Commission Européenne a publié en mars dernier une proposition de directive sur les allégations environnementales des entreprises
(Green Claims Directive). Son objectif ? Protéger les consommateurs contre les communications environnementales trompeuses (greenwashing).
Cette réglementation pose un nouvel enjeu fondamental pour les entreprises : celui d’être en mesure de prouver leurs accomplissements en matière environnementale avec des méthodologies scientifiques et des indicateurs simples, fiables, partagés et compréhensibles par tous. Les modèles économiques circulaires ne sont pas exempts de cette nécessité de mesurer les impacts positifs relatifs à leur mise en oeuvre.
L'économie circulaire est un levier indispensable à la transformation de notre système économique vers un modèle respectueux des limites planétaires. Dans ce contexte, la mesure de la circularité est incontournable pour donner de la visibilité et de la matérialité aux bénéfices économiques et environnementaux qu’elle génère, et ainsi prouver la pertinence des modèles économiques circulaires.
Des méthodologies standardisées de mesure de l’économie circulaire sont également attendues par les entreprises afin que leur reporting extra-financier soit conforme aux réglementations européennes (i.e Taxonomie, CSRD). Enfin, les entreprises doivent pouvoir s’appuyer sur des méthodes de mesure de la circularité afin de répondre aux attentes de leurs multiples parties-prenantes (clients, consommateurs, ONG et investisseurs) quant à la communication de leurs progrès de transition vers une économie circulaire.
Or, les entreprises sont confrontées à de nombreux freins pour mesurer la circularité de leurs produits, de leurs processus, mais aussi de leur organisation dans sa globalité :
- En premier lieu, encore trop peu de dirigeants sont en mesure de définir correctement l’économie circulaire et de saisir les liens qui existent entre l’économie circulaire, les ressources, le carbone et la biodiversité.
De plus, le débat de la mesure et du reporting des entreprises se focalise aujourd’hui sur les enjeux climatiques, sans prendre en compte le fait que l’économie circulaire est un moyen pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des acteurs économiques (entreprises et secteur public). Ce manque de compréhension se traduit par des ambitions stratégiques en économie circulaire inadaptées aux enjeux des activités des organisations. Une réalité qui n’incite pas les acteurs économiques à mesurer leurs progrès en économie circulaire.
Dans le même temps, les organisations font également face à :
- Un manque de ressources : toute démarche de mesure et d'évaluation implique de mobiliser des ressources humaines, techniques et financières pour pouvoir recueillir les données nécessaires et développer les outils numériques et d’information pertinents pour piloter et visualiser ses progrès. Ainsi, la mesure de l’économie circulaire requiert un investissement interne assez conséquent.
- Une absence de méthodologie : les entreprises manquent de méthodologies reconnues et scientifiques qui permettraient de mesurer la circularité, à l'image de celles qui existent sur le volet climatique (ex : le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre). À cela s'ajoute une absence de langage commun de l’économie circulaire qui se traduit par une multiplication d'indicateurs de circularité parfois non pertinents. Nous sommes encore nombreux, à juste titre, à nous demander ce qu’il faut mesurer quand on parle d’économie circulaire, quels sont les impacts à cerner en priorité et les sujets majeurs à traiter en priorité ?
Tout ceci a pour conséquence une absence de données publiées communes qui empêche leur agrégation et les comparaisons de stratégies en économie circulaire.
Or, si on prend le secteur financier pour exemple, la définition de standards est essentielle pour permettre d’identifier les projets qui participent à la transformation de notre modèle économique linéaire vers un modèle circulaire. Ainsi, des indicateurs/KPIs partagés et communs à une chaîne de valeur ou un secteur permettraient de flécher les investissements vers les projets les plus vertueux et accélérer le passage à l’échelle de l’économie circulaire.